La thérapie psychocorporelle

Wilhelm Reich (24 Mars 1897 – 3 Novembre 1957) est considéré aujourd’hui comme le fondateur des thérapies psychocorporelles. Sa vision de la psychothérapie, sa façon de considérer l’inter-relation corps-esprit, sa démonstration de l’importance d’une vie sexuelle harmonieuse dans l’équilibre psycho-somatique d’une personne, étaient révolutionnaires pour son époque. James Kepner, psychopraticien américain, a repris dans son ouvrage intitulé « Le corps retrouvé en psychothérapie » certains des concepts reichiens. Il y évoque notamment trois doctrines différentes pour la notion du corps-esprit.

Dans la doctrine moniste, l’esprit n’est rien d’autre que le produit de la chimie électro-physique du cerveau. C’est à dire qu’une personne est équivalente au fonctionnement de ses organes. Dans cette vision, l’esprit et le corps sont des machines, dont les problèmes sont d’ordre mécanique.

La deuxième est celle du dualisme. Les domaines du corps et de l’esprit y sont complètement distincts l’un de l’autre, et chacun doit être traité séparément. Dans ce cas, on emploie une thérapie verbale pour les problèmes mentaux – car dans cette approche, il s’agit principalement de les comprendre pour les résoudre – et une thérapie corporelle pour les douleurs ou les problèmes corporels. Dans cette approche scindée, il y a d’un côté le corps, et de l’autre l’esprit.

La troisième doctrine, le parallélisme considère que les domaines du corps et de l’esprit sont distincts, mais néanmoins liés, dans le sens où l’un affecte inévitablement l’autre. Une souffrance psychique affecte le fonctionnement corporel : « être mal dans sa peau ». De la même façon, un mal de dos, un mal au cœur peuvent être l’expression de conflits émotionnels et/ou existentiels. Dans cette vision, tout changement dans un des domaines, physique ou psychique, agit sur l’autre de par leur relation intrinsèque. Cette façon d’envisager le fonctionnement psychosomatique établit le statut du corps dans une forme d’intelligence, dont l’expression n’est pas faite de mots mais de mouvements, de sons, de ressentis, d’émotions.

Pour le « bodymind », le corps conscience, concept reichien fondateur de la thérapie psychocorporelle, il y a une synergie indissociable entre le corps et l’esprit. Dans cette perspective, le ressenti et les émotions ont la même importance que les pensées ou les mots. Tous sont connectés et interactifs. Dans son accompagnement thérapeutique, le praticien psychocorporel invitera le consultant à prendre en compte, tout autant que ses pensées et les mots qu’il prononce, un mouvement, un geste inconscient, une raideur dans la nuque, une tension dans la poitrine ou une intonation particulière. La place donnée aux messages du corps fonctionne alors comme un point d’appui pour libérer des souffrances là où les mots ne suffisent pas. Le corps ainsi considéré, devient alors une ressource, une aide précieuse, une mémoire vivante pour le consultant dans son chemin thérapeutique.