À droite l’épanouissement, à gauche le rétrécissement.

À droite l’épanouissement, à gauche le rétrécissement.

droite-epanouissement-gauche-retrecissement

C’était en 199…, il y a déjà quelques années.

Pour moi, l’Intégration Posturale a été la découverte d’un travail corporel, puis découverte de mon corps face au regard de l’autre qui n’est pas un regard amoureux, mais un regard “clinique”, juste un regard qui constate que…
Image du corps = histoire du corps
Notre corps raconte notre histoire à travers ses creux et ses bosses, sa couleur, etc. Je peux reprendre à mon compte et dire : “mon corps raconte mon histoire…”
L’IP a été une des manières d’intégrer le côté gauche et le côté droit de ma personne en une même entité. Un côté gauche et un côté droit étaient dans 2 coins différents d’une pièce. Une voix dit : “Il ne faut rien perdre, pas de gâchis… nous allons les coudre et cela fera un corps de plus”, et les 2 côtés furent assemblés.
Je sens mon corps différent à gauche et à droite, deux personnes qui cohabitent, cohabitation pas toujours évidente, elles ont du mal à aller dans le même sens, ne sont pas “synchro”, chacune est tiraillée, l’une tirant à hue et l’autre à dia, chacune retenant l’autre et pourtant, elles sont une seule personne, l’une avance l’épaule, l’autre avec son épaule basse, un peu arrondie, semble se protéger,
à droite l’épanouissement, à gauche le rétrécissement.
L’IP m’a permis une autre rencontre avec mon corps, je l’ai vu, regardé, touché et laissé toucher, reconnu comme mien, faisant partie avec ses émotions, sa raison raisonnée de celle que je suis.
Ce corps que je malmenais parfois, souvent, qui supportait tant, à qui je ne reconnaissais pas d’existence propre, je ne l’écoutais pas… et je ne sentais pas la fatigue, je ne voulais pas la sentir et je continuais… et je continuais…
J’ai ressenti la douleur… insupportable et pourtant tout à fait supportable.
J’ai pressenti le cri qui avait du mal à trouver sa voie et sa voix, ce cri qui se perdait en route et n’émergeait pas.
Les pleurs étaient toujours là, omniprésents, ils me submergeaient, m’envahissaient et je me perdais dans ces larmes, je m’abandonnais à cette douleur et, avec une impression d’être ballottée, je partais dans un ailleurs.

Et pourtant, peu à peu ce corps se transforme, le côté gauche rejoint le côté droit et inversement, ils se découvrent, font connaissance, se reconnaissent.
Et, une nuit, un rêve, un rêve d’IP :
J’ai du mal à rencontrer Claude pour une séance d’IP, ou je suis en retard ou le lieu de la séance ne me convient pas (dans une salle de sport et entourée d’une équipe qui joue avec un ballon – dans un bus) et chaque fois, Claude s’en va en disant : “quand tu seras prête, fais-moi signe.”
Et un jour, je suis prête et je me propose comme modèle pour la 6ème session.
Nue devant ces visages, ces yeux, ces regards (ceux de mon année de formation) que je vois flous, cela facilite… (j’ai enlevé mes lunettes)
Quelqu’un suggère : “un corps de mère” (je ne veux pas être une mère, je ne peux pas être une mère, je ne sais pas être une mère, je ne suis pas une mère)
et petit à petit, je m’habitue aux regards, aux observations des uns et des autres, à la description de mon corps … et avec la distance, le regard de l’autre, je le vois différemment.
…travail sur les jambes, douleur, re-douleur, souffrance… et la fuite vers un univers cotonneux, protégé où je ne sens rien, avec une impression de quitter mon corps et de l’abandonner à la douleur…
…et brusquement, je reviens, comme si un sursaut d’énergie me poussait pour m’éjecter hors de cet univers, pour devenir actrice de ce qui se passe et quitter ce rôle de spectatrice, de celle qui subit.
Traverser la douleur, essayer, puis accepter ce qui est possible aujourd’hui, se retrouver dans la douceur et porter un regard différent sur les personnes qui m’entourent.
L’IP m’a ainsi permis de prendre conscience des “bleus du passé”, des “bleus de l’âme”, cachés au fond de moi et qui, au cours de cette séance ont pu monter vers la surface, émerger en devenant les “bleus du corps”.
J’ai contacté la tristesse, beaucoup de tristesse…
…puis la colère, la révolte…

Des années plus tard… c’est aujourd’hui,
je mesure le chemin parcouru et je peux dire et redire comme pendant le travail du mythe personnel -Aphrodite a été mon mythe- (séminaire de Paul Rebillot) : “je traverse la vie comme si j’étais d’une rare beauté”.